Eté landais

Cet été, Archéanthrope se délocalise dans les Landes pour diverses raisons. Pas d'activité directe avec le public en prévision, mais un programme culturel doublé d'une fouille archéologique qui viennent ponctuer la période estivale.

Si vous êtes de passage dans ce département aquitain - dont la côte est en ce moment couverte d'humains dénudés - ne manquez pas l'exposition temporaire "Conserver, restaurer : découvrez les secrets des musées" qui se tient au musée de Dax. 
Vous découvrirez le métier de conservateur-restaurateur, les moyens avec lesquels ce spécialiste effectue sa mission de conservation du patrimoine, ainsi que le cadre légal contribuant à sa sauvegarde. 
Les différents facteurs de dégradation sont illustrés par des objets issus des collections du musée (notez que le musée ne possède pas d'exposition permanente. La présentation des éléments de sa collection s'effectue donc par rotation, selon le thème de l'exposition temporaire en cours). Les risques liés à la lumière, à l'humidité, à la présence d'animaux nuisibles (rongeurs, etc), les facteurs biologiques (moisissures, etc), les catastrophes naturelles (inondations, etc) ainsi que les dégradations liées à l'homme sont évoquées de manière claire et ludique.
Le public peut notamment jouer les apprentis conservateur en remplissant le constat d'état d'une oeuvre exposée. Il peut également assister au travail du restaurateur dont le laboratoire a été reconstitué dans la 2ème salle du parcours présentant les étapes d'interventions sur des oeuvres réalisées en matériaux divers. La restauratrice travaillera durant l'été sur un bloc sculpté provenant de l'ancienne cathédrale romane de Dax, permettant ainsi au visiteur de découvrir au fil des semaines les actions successives entreprises pour le restaurer.

Un bémol à signaler toutefois dans cette exposition : le parti pris de scénographie, articulé autour des facteurs menaçant les oeuvres, a conduit à une présentation minimaliste de celles-ci. Une recontextualisation culturelle et chronologique, même succincte, aurait été utile. 

Pour celles et ceux que le sujet de conservation-restauration intéresse, voici deux conseils de lecture : Conservation des sites et du mobilier archéologique. Principes et méthodes publié par l'Unesco, ainsi qu'un article d'André Bergeron, Restauration et conservation archéologique, publié en 2013 par le Centre de conservation de Québec.


Pour ne pas s'arrêter en si bon chemin, rejoignez la visite guidée de la crypte archéologique de Dax située tout à proximité. 
Petit rappel historique, extrait d'une archive de l'Institut national de l'audiovisuel : "Les origines de Dax sont gallo-romaines. Sa fondation a été décidée sous l'empereur Auguste, probablement vers 16-13 av J.-C. Les eaux thermales de Dax, déjà appréciées dans l'Antiquité, sont fréquemment données comme raison du choix de ce lieu par le pouvoir romain pour en faire une cité. Il s'agit cependant plus vraisemblablement de raisons stratégiques, comme la position de Dax sur les voies de circulation vers l'Espagne et l'intérêt que le site offre pour le franchissement de l'Adour [...]. La cité d'Aquae Tarbellicae est donc fondée autour d'une peuplade principale, les Tarbelles, installés dans la région avant l'arrivée des romains. Le nom ethnique disparaît très vite de la dénomination courante, laissant place à la mention de cité des Aquenses, la référence thermale constituant un marqueur identitaire suffisant".  
Les vestiges visitables, précédemment interprétés comme faisant partie d'un temple, constitueraient selon une théorie récente les fondations d'une probable basilique civile, lieu de réunion publique où s'effectuaient les activités de la vie civique. 

Contreforts semi-circulaires, comblés intérieurement, renforçant le mur intérieur d'une des annexes de la basilique civile. Photo : S. Giuliato
La visite in-situ permet de mesurer l'élévation du niveau du sol de nos jours (ainsi que le taux d'humidité particulièrement élevé de la région), et de découvrir d'intéressants artefacts comme ces stèles érigées en remerciements aux dieux romains, ou ces mosaïques murales et de pavement représentant des boucliers d'amazone (ou pelta, petit bouclier semi-circulaire attribué aux Amazones) ou encore des tulipes. 


Une autre halte à conseiller, certes un peu isolée dans la pinède côtière, est celle de la chapelle St Laurent de Maâ. Située dans le hameau de Maâ, au sein du village de Moliets et Maâ, cette "Capère" de son nom ancien remonterait à l'époque carolingienne.
Chapelle de St Laurent de Maâ. Photo : S. Giuliato

Erigée sur le chemins de St Jacques de Compostelle, elle a abrité les chevaliers du Temple dès le 12e siècle. Une commanderie de Templiers, aujourd'hui  disparue, avait ainsi été construite sur cette voie littorale. La chapelle comporte encore plusieurs témoignages de cette période : statue de St Jacques en pèlerin, croix des Templiers, table sainte. En ruines au début du 20e siècle, elle a fait l'objet de restaurations dans les années 90 qui permettent ainsi de valoriser son héritage.

Vue sur le porche en bois restauré, abritant anciennement une grande pierre creuse servant d'autel pour les cérémonies en plein air, ainsi que sur le lanterneau. Photo : S. Giuliato
Vue intérieure de la chapelle. Photo : S. Giuliato


Enfin, pour conclure cette escapade landaise, faisons un nouveau bond dans le passé et signalons une exposition de photographies de Claire Artemyz qui aura lieu du 06 septembre au 30 novembre 2014 à la Maison de la Dame de Brassempouy
Cette photographe éclaire de son oeil d'artiste les productions réalisées par nos ancêtres, en jouant des effets de lumière et des contrastes qu'ils apportent. Travaillant sur les collections du Musée d'archéologie nationale de St Germain en Laye, Claire Artemyz parvient à insuffler dans ses clichés une proximité et une sensorialité propres à renouveler notre lecture visuelle et à ré-animer le passé.
Bison préhistorique. Photo : Claire Artemyz

Nous vous souhaitons à toutes et à tous un très bel été, et d'agréables visites à la découverte du patrimoine !


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