Incursion maya

Ce début de mois de décembre a été l'occasion pour l'une d'entre nous de poser ses sandales en terre maya. Une première fois sur le site mexicain de San Gervasio, sur l'île de Cozumel. Et une seconde fois sur le site d'Altun Ha, au nord du Belize. 

San Gervasio

En tant que premier site maya qu'il m'aura été donné de parcourir, San Gervasio gardera toujours cette saveur initiatique teintée de joie et de surprise. Ce site archéologique est le plus grand que possède l'île mexicaine de Cozumel, l'unique site ouvert au public, et par ailleurs le seul qui bénéficie d'un programme permanent de recherche et de conservation.  

Le choix géographique de l'implantation du site précolombien tient au fait que le lieu est situé au-dessus d'un accès à la nappe phréatique, garante de la subsistance des habitants. Le nom actuel de "San Gervasio" date du 20e siècle, la dénomination maya s'étant perdue au cours des siècles.

Les travaux archéologiques des années 1960 ont montré qu'une occupation précolombienne existait dès 300 de notre ère. La ville n'a alors cessé de croître jusque vers l'an 600, utilisant des moyens architecturaux de meilleure qualité et renforçant ses relations avec d'autres sites côtiers mayas. 
Plusieurs chroniqueurs espagnols rapportent que l'île jouait un rôle majeur en tant que sanctuaire dédié à la déesse Ixchel (déesse maya de la fertilité, de la médecine et de l'art du tissage), attirant ainsi de nombreux pèlerins venus de toute la péninsule du Yucatán. Ces auteurs soulignent également l'importance de l'île de Cozumel au sein des échanges économiques mayas.

A partir de l'an 1000, avec l'avènement du site de Chichén Itzá comme centre politique et économique de la péninsule, San Gervasio se trouve intégré dans un vaste réseau commercial qui fait du site une cité majeure dès 1200, et ce jusqu'à l'arrivée des espagnols. La plupart des édifices que l'on observe aujourd'hui ont été bâtis à cette époque; en parallèle, des communautés satellites dépendantes de San Gervasio se sont établies sur tout le territoire ilien.

Je n'évoquerai ici que quelques édifices de San Gervasio. Pour celles et ceux qui souhaitent avoir une description plus détaillée du site je les invite à consulter la présentation de San Gervasio (en espagnol) de l'Institut National d'Anthropologie et d'Histoire où je puise mes sources.
Le site est constitué de plusieurs ensembles architecturaux unis par un réseau de sacbés, ou chemins blancs. 
Les différentes places du site communiquent au moyen de sacbeoob ou sacbés. Photo : A.-S. Chemille

Le premier groupe architectural a été baptisé Manitas d'après les impressions de mains humaines conservées sur les parois intérieures de l'édifice principal. Plusieurs structures (El Palacio, Los Murales, El Osario, etc) forment des ensembles palatiaux qui s'intégrèrent à la ville dans les périodes tardives de son occupation.
Les mains peintes sur la structure dite Manitas (Période Post-Classique Tardif ,1300-1550). Photo : S. Giuliato

Une structure en arcade marque le départ du sacbé numéro 1, qui signalait sans doute à une époque donnée l'entrée du secteur principal de la cité. Il rejoint au bout d'1 km 1/2 le site de Punta Molas au nord de l'île.
Arc placé au départ du sacbé 1. Photo : S. Giuliato
A l'extrémité d'un autre chemin se dévoile un ensemble plus ancien dénommé Murciélagos, d'après la quantité de chauves-souris venues occuper l'intérieur de son édifice principal après l'abandon du site. 
Un des édifices de l'ensemble Murciélagos. Photo : S. Giuliato

Ce court aperçu de San Gervasio est évidemment loin de rendre justice à son étendue et à son intérêt. Aucune chauve-souris n'a croisé notre route, en revanche des moustiques voraces s'acharnèrent sur les moindres parcelles de peau humaine découverte, en particulier sur les chemins reliant les différentes zones du site; les iguanes occupent également le terrain, se confondant parmi les ruines et les puits naturels malgré leurs tailles imposantes.

Quittons à présent l'île de Cozumel et San Gervasio pour nous diriger plus au sud et sur le continent, direction le Belize. 

Altun Ha

A environ 50 km au nord de l'ancienne capitale Belize City se trouve le site archéologique maya d'Altun Ha. Son nom provient d'une traduction en maya yucatèque et signifierait "le rocher de l'eau" ou "le rocher de l'étang" en raison de la présence d'un large réservoir façonné par les Mayas.

Si San Gervasio a constitué une entrée en matière fascinante dans le monde maya, Altun Ha a rivalisé avec mes rêves d'adolescence... Deux places principales juxtaposées ainsi que plusieurs tombes mises au jour dénotent la richesse dont jouissait l'élite.  

Les premières traces d'un campement sur le site datent de 200 avant notre ère. Les architectures les plus anciennes ne sont pas accessibles au public; un temple aurait notamment été construit au 1er siècle de notre ère à proximité du réservoir principal. A partir de la Période Classique (250 de n. è.) le centre de la cité s'est déplacé vers la zone aujourd'hui visitable, et ce pour les 6 siècles qui ont suivi.

La Place A fut le centre cérémoniel jusque vers 550 de notre ère, quand la construction de la Place B débuta. 
Vue générale du site depuis le sommet du Temple aux Autels Maçonnés. Au premier plan, à gauche : la Place B, délimitée par les structures rectangulaires B-1 et A-4. Au second plan, à droite : la Place A, avec au fond le Temple de la Tombe Verte. Photo : S. Giuliato

La Place A est entourée par 8 temples et palais. Le temple A-1, achevé au début du 6e siècle,  comprend une terrasse ainsi qu'une chambre intérieure. 
La Place A. Au centre de l'image, le Temple de la Tombe Verte. Photo : S. Giuliato

Une seule tombe, sans doute celle d'un dirigeant, a été découverte à l'intérieur de la structure et remonterait vers l'an 550. Le mode de construction de la tombe, au moyen de pierres peu façonnées, ne ressemble à aucun autre site maya. A l'intérieur en revanche ont été mis au jour presque 300 objets de jade, donnant à la tombe son nom de "Tombe Verte".  Des colliers de coquillages, des céramiques, des peaux et vêtements, etc. y ont également été découverts
Pendentif en jade du site d'Altun Ha. Museum of Belize. Photo : S. Giuliato

Les constructions continuèrent jusque vers 900 malgré un déclin de la qualité architecturale au cours des 150 dernières années. Des conflits régionaux ont sans doute contribué au déclin des Mayas à Altun Ha. 

La Place B diffère de la Place A en termes de construction et d'orientation. Les édifices qui l'entourent, parfois altérés, comprennent des temples et des structures palatiales. Le plus imposant d'entre eux est le Temple aux Autels Maçonnés, s'élevant à plus de 16 mètres de hauteur.

Vue sud du Temple des Autels Maçonnés. 600-650 de notre ère. Photo : S. Giuliato
En 1968, une tête en jade fut découverte à l'intérieur de ce temple dans une large tombe au centre de laquelle reposait la dépouille d'un homme âgé ainsi que d'autres objets. Une datation relative des objets déposés a permis de les dater entre 600 et 650 de notre ère. Pesant 4.4 kg pour 15 cm de hauteur, cette tête est la plus grosse pièce de jade sculptée découverte dans l'aire maya. La matière première fut importée de la vallée de la rivière Motagua au Guatemala, et son façonnage au moyen d'outils de pierre a représenté un travail de plusieurs mois. Le glyphe Ahau apposé sur le front l'identifie comme le dieu du soleil Kinich Ahau, un des plus importants du panthéon maya. 
La Tête de Jade du site d'Altun Ha.
Se rendre à Altun Ha depuis Belize City est chose facile, un taxi vous y conduit aisément. Attendez-vous juste à être secoué, les 3 derniers kilomètres se faisant sur une route boueuse et émaillée de trous. Mais l'exploration archéologique se mérite !

A bientôt pour de prochaines aventures.
Altun Ha. Photo : S. Giuliato

Sources 
San Gervasio
- Institut National d'Anthropologie et d'Histoire, Mexico
- Panneaux sur site archéologique de San Gervasio
Altun Ha
- Institute of archaeology, Belmopan, Belize
- Museum of Belize, Belize City
 


Commentaires

Posts les plus consultés de ce blog

Trésor de la cathédrale St André de Bordeaux

Lyon et le musée des Confluences

Contes et légendes du vieux Bordeaux